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Projet scientifique

Mon ambition est de contribuer à l'étude psychologique et ergonomique des technologies nouvelles, alors que les relations entre l’homme et les technologies sont si fréquentes aujourd’hui et en même temps trop peu étudiées. Il s’agit d’une part de montrer en quoi les technologies renouvellent un ensemble de questions traditionnelles en psychologie et y apportent des réponses inédites et d'autre part de montrer en quoi les travaux théoriques et empiriques conduits en psychologie renouvellent les théories dominantes sur la relation entre l’homme, la technologie et l’organisation.

Cette ambition prend ses racines dans des données empiriques et théoriques. En effet, il ne fait nul doute qu’aujourd’hui tous les champs de la société sont gagnés par les technologies nouvelles qui se présentent, de plus en plus, comme des artefacts modernes visant à assister l’activité humaine. Dans la mesure où l'activité humaine devient elle-même recomposée par la technologie, il apparaît que cette technologie s'est constituée, au fil du temps, comme un objet d'étude de la psychologie du travail et de l’ergonomie.

Les approches psychologiques et ergonomiques des nouvelles technologies soulignent que si les conduites humaines se construisent, se réalisent et se développent, pour partie, avec des artefacts, ces conduites ne relèvent pas exclusivement des hommes, mais sont aussi liées au contexte technologique dans lequel elles se réalisent. D’une manière plus pointue, mes recherches portent sur la création, l’invention, la conception, l’évaluation de l’expérience utilisateur.

Contributions à la recherche dans le domaine de la relation humain-technologie

Sur le plan théorique, je me suis concentré sur l'intégration de l’ergonomie et de la psychologie à la production des usages, en intégrant à la fois les problèmes d’accessibilité, d’utilisabilité, d’émotion et de persuasion sociale à une théorie générale de la relation humain-technologie : la théorie de la symbiose humain-technologie-organisation. Cette dernière montre que l’humain cherche dans la technologie à étendre ses propriétés et capacités psychologiques et que l’usage est déterminé par une série de variables relevant des fonctionnalités du système, de l’utilisabilité de la technologie et des conditions organisationnelles de son déploiement. L’usage d’une technologie est observé lorsque les conditions de symbiose sont en place, variables qui elles-mêmes modifient l’humain. Ces variables ont d’abord été recensées grâce à des études empiriques réalisées sur des médecins, des gestionnaires, des techniciens maintenance, des informaticiens, des opérateurs illettrés, des personnes handicapées, des malades tétraplégiques, des enfants en apprentissage, des étudiants, des utilisateurs de sites web, des utilisateurs de bibliothèques numériques, des usages de produits de grandes consommations (voir publications en annexes 1). Les variables de notre modèle ont également été complétées par des études quantitatives et expérimentales qui ont cherché à valider le modèle théorique de la symbiose. La symbiose est un modèle qui complète les trois autres approches de l’usage des technologies, à savoir les modèles de la perturbation organisationnelle, les modèles de la résistance au changement et les modèles de l’acceptation sociale des technologies. La question qui se pose à présent est de savoir comment les humains passent d’un modèle à l’autre et donc quelles explications pouvons-nous donner à l’évolution et la complexification des relations entre l’humain et la technologie. Mes recherches actuelles portent à présent sur cette question et les premiers résultats ont été salués par un “Outstanding Paper Award” au congrès ICT’2013 à Prague.

Sur le plan méthodologique, mes travaux furent initialement basés sur des analyses de l’activité (comprises dans la tradition ergonomique francophone) afin d’obtenir des modèles cognitifs des opérateurs permettant de corriger ou concevoir de nouvelles situations de travail qui répondent mieux aux problèmes de confort, de bien-être, de satisfaction et de performance humaine et sociale. Mes recherches ont ensuite été plus expérimentales. Pour ce faire, j’ai mis au point, en 1997, une plateforme technologique (Pergolab, laboratoire d’utilisabilité) qui a été construite en 2001 à l’université de Lorraine. J’ai ensuite utilisé des méthodes quantitatives (analyse des corpus par ordinateurs, analyses statistiques) pour me centrer à présent sur des méthodes créatives et participatives (scénarios à base de cas, personas, staffs d’experts de communauté, focus group…) qui visent à doter l’ergonomie d’une capacité prospective dans ses modalités d’intervention. Aussi, les recherches actuellement menées avec plusieurs collègues français et étrangers visent d’une part à montrer que l’ergonomie peut devenir une discipline prospective à proprement parler et d’autre part à définir les contours, méthodes, caractéristiques et champs d’application de l’ergonomie prospective. Dans ce cadre j'ai coordonné avec Pr. J-M. Robert 7 symposia (2 au congrès IEA à Recife 2012, 1 au congrès de la SELF 2013 à Paris, 2 à la conférence IEA à Melbourne en 2015, et 2 au congrès IEA de Florence en 2018). Ces recherches ont également donné lieu à l’édition scientifique de deux numéros spéciaux en 2014 –vol 77-1 et vol 77-3– du « Travail Humain » portent sur l'ergonomie prospective.

Opérationnalisation des recherches

Ces objectifs s'opérationnalisent en ce qui me concerne par la mise en place et l'exécution de ce que j'appelle un programme de recherche sur la « création, invention, conception, évaluation et correction des relations homme-technologie-organisation », dont le noyau est l'étude empirique des interactions et des cognitions en œuvre dans ces relations.

Ces orientations de recherche ont donné lieu à des contrats de recherche (n=26), des thèses de doctorat (n=17), des habilitations à diriger des recherches (n=2), des collaborations avec divers laboratoires, des invitations dans des universités étrangères (n= 12), des incubations d’entreprises (n=2) et des encadrements de mémoires de Masters/DESS/DEA et maîtrise.

Mots-clés

Ergonomie des produits et systèmes – Ergonomie prospective - Utilisabilité – Psychologie des nouvelles technologies - Psychologie du travail et des organisations – Changement technologique et changement organisationnel - Symbiose humain-technologie-organisation – Interaction humain-machine – Modélisation cognitive et modèles de l’utilisateur – Méthodes créatives et participatives en ergonomie.

Partenariats et conventions de recherche

Avec des entreprises françaises

Informatique-CDC (1991) ; CNP-Assurance (1993) ; CMSEA (1996), ANACT-ARACT (1998); CIBC-Lorraine (2005), J2B-Conseil (2006),

Avec des organismes publics français

Ministère du travail-GPLI (1998-1999), DGTEFP-Limousin (2001) ; IRES-UNSA (2002-2003) ; CERES (2009-2010) ; CNSA (2010-2013), Centre d’Expertises National « STIMCO »; INRS (2010-2013), CNRS (2014)

Avec des entreprises internationales

KPSS-KAO (2004), BusinessObject (2009-2012), SAP (2012-2015), Allianz (2011-2012), Air Liquide (2012), Allianz Informatique (2015-2018), Amadeus (2016-2017), Renault (2014-2017)

Contrats européens

Interreg « Eurodistrict » Metz-Sarrebruck (1992-1993) ; Léonardo-R Nomi2 (2003), ECIM-Transport (2006-2007)

Avec des institutions étrangères

CVCE (2007-2008), CRP Henri Tudor (2002-2005).